mercredi 3 novembre 2010

Secrets d'alcôves

Chère lectrice, cher lecteur,

Voilà plusieurs années que je m'intéresse aux ouvrages dédiés à la sexualité, toutes époques confondues. D'ailleurs, je dois avouer que les plus anciens sont les plus enrichissants, car ils ne se contentent pas du passage à l'acte et accordent une place importante à la parade amoureuse.
Aujourd'hui, il me semble en effet que la sexualité se résume bien souvent au rapport pénis-orifice (quel qu'il soit), ce qui est très réducteur au vu des nombreuses possibilités offertes par l'érotisme et la sensualité. Or, un rapide coup d'œil aux médias actuels peut faire passer l'érotisme "sage" pour une banalité d'un ennui mortel en comparaison à des pratiques soi-disant devenues "normales" telles que le S/M, la bisexualité ou l'usage des sex toys.

Peut-on seulement parler de normalité lorsqu'il est question des secrets d'alcôves ? Après tout, ce qui s'y passe regarde tout un chacun, et les témoignages publiés dans la presse et sur internet offrent à mon sens un tableau très incomplet de la réalité. Pourtant, ce sont en partie ces témoignages, de même que la qualité extrêmement médiocre du cinéma porno contemporain qui poussent bon nombre d'entre nous à penser "pénétration" dès qu'il est question de sexualité.
Malgré une démocratisation évidente de l'information à ce sujet, je déplore l'omniprésence d'une (non-)information poussant à la performance. Il faut croire que, même à ce niveau-là, l'esprit de compétition est de rigueur, alors que la sexualité est avant tout une question de choix personnels.

Comme dans tous les domaines de la vie, je trouve dommage de vouloir imposer ses goûts comme faisant partie de la norme. Ils font sans doute partie d'une norme personnelle dont chacun décide librement, mais vouloir faire passer le bondage, le triolisme ou la sodomie pour des choses à essayer absolument au moins une fois dans sa vie n'est pas, selon moi, la façon la plus saine d'ouvrir un débat (ni l'appétit sexuel de son vis-à-vis, d'ailleurs).
Pas que je sois contre l'expérimentation, loin de là, mais avant toute chose, il est important de prendre en compte l'individu dans son entièreté, avec ses propres envies, désirs et barrières physiques et morales. Ce qui est bon pour moi ne le sera pas nécessairement pour mon voisin, et vice versa.
C'est qu'il en va de la sexualité comme de la gastronomie : celui-ci engloutira six douzaines d'huîtres sans sourciller tandis qu'un autre aura l'estomac complètement retourné rien que d'y penser.

Et comme en cuisine, les préparatifs se doivent d'être tout aussi savoureux que le passage à l'acte ! Libre à chacun de consommer des plats préparés ; personnellement, je préfère m'investir dans l'avant – qui commence bien souvent par des choses aussi anodines que des regards et des mots – autant que dans le pendant (sans oublier l'après), car il ne s'agit pas là d'assouvir purement et simplement un besoin : il s'agit avant tout de désir et de plaisir !
J'ai bien plus de sympathie pour quelqu'un qui s'éclate dans une relation "chaste" que pour quelqu'un qui fréquente les clubs échangistes pour faire plaisir à son partenaire ou parce que c'est à la mode.

Quant à savoir qui fait quoi au cours de sa vie, c'est là que s'arrête la comparaison avec les arts de la table : si je prends plaisir à partager mes recettes de cuisine, le secret d'alcôve, lui, restera complet !

À bon entendeur...

Mademoiselle Catherine

(cet article a été publié pour la première fois ici)

3 commentaires:

  1. faut lire "Métaphysique du sexe" de Julius Evola (oui ça se lit facilement, oui c'est un livre ancien, oui ça parle des traditions antiques sexuelles allant des Dieux antiques en passant par les rites érotiques de la kabbale, le tao érotique, le tantrisme, etc. c'est pas un manuel, c'est plus une étude et une reflexion). Bon quand je dis se lit facilement, ça reste quand même ardu pour la lectrice moyenne de VOICI.

    :)

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  2. Il y a tellement de livres passionnant à ce sujet qu'on ne sait plus où en donner de la tête!

    Personnellement, j'ai beaucoup aimé "Histoire de l'érotisme, De l'Olympe au cybersexe" de Pierre-Marc de Biasi dans les Découvertes Gallimard: ça se lit bien et offre plein d'ouvertures intéressantes (sans mauvais jeu de mots ^-^) pour poursuivre l'exploration.

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