lundi 22 août 2011

"On ne naît ni fille, ni garçon : on le devient." (Simone de Beauvoir)

Aujourd'hui, Oscar a 4 ans... C'est déjà un petit bout d'homme, mon filleul ! Je me creuse la tête pour trouver le plus beau cadeau d'anniversaire possible... Je surfe sur les sites de vente en ligne dédiés aux jouets et à la littérature enfantine... et une fois de plus je m'offusque de la division fille/garçon que l'on y trouve...

 
Extrait de "La domination masculine" de Patric Jean.


Dès le plus jeune âge, la société met nos enfants dans des catégories : les gamins en bleu, les fillettes en rose,  Oscar sera un héros combattant le dragon pendant que Valentine passera l'aspirateur "comme maman"... L'aspirateur n'est-il pourtant pas une bonne arme anti-dragon ? Je pourrais donc aller à l'encontre des codes et lui offrir cet aspirateur rose pailleté pour petite fille sage en lui expliquant que c'est une redoutable machine à terrasser les monstres. A cette idée, j'imagine Oscar chevauchant son aspirateur, entouré de ses petits camarades, lors de sa fête d'anniversaire. J'imagine aussi le regard honteux de son papa et de sa maman devant se justifier face aux regards interrogateurs des autres parents... "C'est un aspirateur à monstres... C'est une idée de sa marraine... C'est une originale..."

Le vrai problème n'est, en effet, pas le marketing (loin de moi l'idée d'innocenter celui-ci !) qui ne fait que répondre à une demande de la société mais bien la manière dont les parents et autres acteurs de l'éducation portent des valeurs qui conditionnent dès le plus jeune âge les enfants dans des rôles sexués... Dans notre société, un petit garçon ne peut pas jouer à la poupée sans être montré du doigt, une petite fille doit être coquette et obéissante... Il y a longtemps que vous avez lu les aventures de cette chère Martine ? J'en ai retrouvé, il y a peu, dans mon grenier...

Combattre les sectarismes commence donc par l'éducation de nos chérubins, sans pour autant verser dans le sectarisme... Personnellement, j'adorais Barbie et Ken étant gamine et les Martine que j'ai retrouvé dans le grenier sont bien à moi... De plus, il est difficile d'interdire à nos chères et tendres d'aimer le rose et les princesses... Ca fait partie de la loi de la cour de récréation, de l'acceptation au groupe !


Quelques pistes pour d'autres jouets et livres pour les bambins (n'hésitez pas à apporter vos contributions)
www.lab-elle.org
www.talentshauts.fr
http://publisexisme.samizdat.net/

6 commentaires:

  1. "Je pourrais donc aller à l'encontre des codes et lui offrir cet aspirateur rose pailleté pour petite fille sage en lui expliquant que c'est une redoutable machine à terrasser les monstres".

    Pour aller vraiment à l'encontre des codes, pourquoi ne pas lui offrir cet aspirateur rose en lui expliquant plutôt que c'est super, il va pouvoir aspirer les poussières et rendre sa maison toute propre ! Un vrai petit homme qui s'occupe de son chez lui quoi. :-)
    Pas besoin de l'excuse des monstres...

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  2. Hé hé, bonne attitude :)

    Et pour les fillettes, je propose ce conte de fée !

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  3. @CAroline : A 4 ans, je préfère les faire rêver...

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  4. Juste l'envie de partager une référence bibliographique et de réagir par rapport au titre de votre article.

    D'abord la référence: "C'est pour un garçon ou pour une fille? La dictature du genre" de Georges-Claude Guilbert. Un ouvrage d'une centaine de pages, bien fichu, plutôt subversif, voire féroce, où l'auteur "s'en prend, avec un sérieux non dénué d'humour à la dictature du genre dans tous les domaines. Les illustrations de la rigidité des rôles attribués aux hommes et aux femmes ou au contraire, les exemples de transgression sont puisés dans la vie quotidienne, la littérature et la culture populaire."

    Ensuite, par rapport au titre de l'article, Simone de Beauvoir n'a hélas (et c'est là le « problème » si j'ose dire) jamais dit "qu'on ne naissait pas "garçon" (homme) mais qu'on le devenait"! Seules les "femmes" sont mentionnées dans ce devenir qui, tout au long du "Deuxième sexe", tend à faire coïncider le devenir femme avec l'abolition des différences entre les sexes au profit d'une universalisation des fonctions et des rôles. Dans la pratique le "devenir femme" s'exécutait dans l'accession pour les femmes aux fonctions et aux rôles réservés jusqu'alors aux hommes, fustigeant les institutions patriarcales qui, entre autres, reléguaient le devenir femme à celui du devenir mère.

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  5. j'ai réussi à inculquer à ma fille la notion de "Y'a rien pour les filles et rien pour les garçons", mais, hélas, l'école l'a rattrapée en chemin. Néanmoins, avec un minimum d'effort, à 4 ans, elle arrive à s'intéresser à tout, sans trop considérer la question de genre. Elle joue au foot, elle a des Barbie, elle a une cuisinière mais aussi une foreuse, elle regarde autant Spiderman et Batman que La Petite Sirène. C'est sans doute facilité aussi par la séparation des parents. Elle voit maman poncer son parquet et papa faire du repassage.

    La question des jouets trahit un autre phénomène qu'on trouvera plus tard à l'adolescence et encore plus à l'âge adulte : une sorte d'homophobie latente et bancale. Une fille avec une foreuse, pourquoi pas ? Mais un garçon avec un aspirateur rose à paillettes, mais vous n'y pensez pas ma p'tite dame ! On y retrouve le même genre de réflexe débile que dans les considérations qu'on pourrait entendre plus tard chez certains parents : "Je pourrais accepter l'idée d'avoir une fille lesbienne, mais pas un fils PD." On a déjà tous entendu ce genre d'âneries. C'est quand même étrange cette idée de croire qu'en jouant au mec (avec sa foreuse et plus tard en aimant les filles), une fille resterait toujours acceptable. Tandis que le garçon, en jouant à la fille (avec son aspirateur, plus tard en devenant gay) deviendrait une honte pour ses parents. Société patriarcale, tu as encore de beaux jours devant toi...

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  6. Nouvel ouvrage de Georges-Claude Guilbert: Le Genre des objets.

    Dans la lignée de C'est pour un garçon ou pour une fille? La Dictature du genre, Georges-Claude Guilbert définit son credo féministe constructionniste et s'attaque de façon ludique à dix-sept objets ordinaires. Comment les marcels, les sacs à main, les sodas, les bottes ou les produits d'entretien nous renseignent-ils sur la domination masculine? Comment l'homophobie se manifeste-t-elle dans les gestes les plus banals? Cet ouvrage d'Études sur le genre, très drôle, propose des lectures queer du quotidien.

    Avril 2014

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