mercredi 31 août 2011

Un féminisme en mutation

Pour son deuxième film, Virginie Despentes s'est éloignée de la fiction trash avec un documentaire remarquable autour du mouvement féministe pro-sexe ou, pour paraphraser le sous-titre de "Mutantes", un "féminisme porno punk".
À travers de nombreux entretiens avec des activistes d'hier et d'aujourd'hui (citons en vrac Candida Royalle, Annie Sprinkle, Maria Beatty ou encore Lydia Lunch), la Française dresse un état des lieux de ce mouvement encore méconnu, et (très) mal aimé des féministes abolitionnistes. Et pour cause : ses principales protagonistes sont, bien souvent, des travailleuses du sexe qui ont fait ce métier par choix et non par nécessité.
Ainsi, Norma Jean Almodovar débuta sa carrière au sein du Los Angeles Police Department où elle fut témoin de tant de corruption qu'elle préféra devenir escorte à Beverly Hills plutôt que de continuer d'être flic.


Son parcours, s'il est atypique, n'en est pas moins représentatif d'un féminisme en pleine mutation : celui qui permet aux femmes de faire elles-même leurs propres choix de carrière, quels qu'ils soient. Et dans le cas des femmes ici présentes, toutes ont des activités parfaitement légales, sans quoi il va sans dire que leur participation à visage découvert eut été fortement compromise.
Il me semble qu'il y a un paradoxe immense dans ce féminisme qui stigmatise systématiquement la sexualité marchandée tout en invitant les femmes à être actives sur le plan professionnel : à mon sens, la prostitution et la participation à des films pour adultes, que ce soit en tant qu'actrice, réalisatrice, productrice ou autre, sont bel et bien des métiers que l'on peut, en son âme et conscience, choisir de pratiquer. Et je ne parle pas ici des jeunes femmes qui finissent sur le trottoir ou dans d'obscurs films amateurs à la suite d'un parcours de vie aussi triste que chaotique : là n'est pas le sujet.

Je parle de ces femmes qui assument leurs choix de vie à 100% et militent pour le droit de vivre leur vie comme bon leur semble, quoi qu'en dise la société bien pensante.
 
Si cela n'est pas un acte féministe, je me demande ce que c'est !
Pour aller plus loin, je vous conseille vivement les lectures suivantes :
- "Paradoxia, journal d'une prédatrice" de Lydia Lunch
- "King Kong Théorie" de Virginie Despentes
- "Porno Manifesto" d'Ovidie
- "J'assume" de Nina Roberts
- "A woman's guide to good porn", d'Erika Lust

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