lundi 8 août 2011

Pourquoi "Suffragettes Not Dead"?

Chère lectrice, cher lecteur,

Tu te demandes peut-être pourquoi nous avons décidé d'appeler notre événement Suffragettes Not Dead plutôt que Ladyfest...

Et bien, laisse-moi te donner ma vision – très personnelle – des choses : il se trouve qu'à la dernière Ladyfest où j'ai mis les pieds (et ça commence à dater...), j'ai eu l'occasion d'assister à un débat autour des violences sexuelles. Encore que "débat" soit un bien grand mot puisque les intervenantes étaient principalement de jeunes squatteuses lesbiennes féministes pour qui une agression sexuelle commence déjà par un sifflement en rue. Et je dois avouer que je fus très choquée par la radicalité de certains de leurs propos, notamment par l'absence de définition pour le terme d'agression. Quand je leur fis remarquer que ce manque de nuance me gênait, j'eus droit à plusieurs regards outrés, car selon elles, à partir du moment où une femme se sent agressée, il s'agit d'une agression en bonne et due forme – que se soit un regard trop soutenu ou une pénétration forcée ! Fin de la discussion.

À vrai dire, ce débat ne m'aura strictement rien apporté, car sous couvert de dialogue (?), ces très jeunes femmes auront surtout passé leur temps à se caresser dans le sens du poil : les trois ou quatre "intruses" (est-il besoin de préciser qu'aucun homme n'était présent ?) étaient tolérées tant qu'elles abondaient dans leur sens – c'est vous dire si je n'avais pas ma place à cette table ronde, d'autant moins que j'étais la seule femme en jupe (qu'elles ne portent évidemment plus, car la jupe crée, je cite, un "climat d'oppression"). Impossible de tomber d'accord dans ces conditions, car il y a bien longtemps que le sectarisme ne fait plus partie de ma vie. À trop se prendre au sérieux, on finit par ne plus l'être pris par les autres...

De plus, j'ai été fortement gênée par le fait que la totalité de la discussion tournait autour des violences envers les femmes (homosexuelles ou non) et transgenres.
Et les hommes, dans tout ça ? Parce que la réflexion menée par des jeunes femmes visiblement intelligentes mais dénuées de tout second degré tournait exclusivement autour du sexisme à l'égard de la gente féminine. Et plutôt que de miser sur des solutions durables, telles que l'éducation (l'idée d'avoir des enfants leur est tout simplement insupportable), il leur fallait de l'immédiat, du "clé sur porte". Par exemple surveiller de près les hommes dans chaque soirée et concert et exclure systématiquement ceux qui auront "agressé" l'une des femmes présentes par leur comportement sexiste.

Mais c'est quoi au juste, un comportement sexiste ? Il me semble en effet que chacun/e possède son propre seuil de tolérance à ce sujet. Et s'il m'arrive de me sentir tour à tour blessée, humiliée ou harcelée, il est très rare que je me sente agressée, du moins dans l'idée que je me fais, moi, d'une agression.

Pour ma part, je ne pense pas que dans les sociétés occidentales du XXIe siècle, la femme soit nécessairement plus opprimée que l'homme : s'il est effectivement dur d'appartenir au "sexe faible", nous vivons dans une société déshumanisée par la compétition et la course au rendement qui rend difficile le fait d'être humain, tout simplement, à partir du moment où l'on a décidé d'être en accord avec soi-même. Cela a, à mon sens, davantage à voir avec nos sensibilités personnelles qu'avec l'état de notre entrejambes.

S'il est évidemment important de poser certaines questions en vue de trouver des solutions, je continue de croire qu'il est impossible d'ouvrir le débat en l'absence du mâle, étant donné qu'il a lui aussi son mot à dire. Et les généralisations du type "la femme est une proie potentielle" et "l'homme est un barbare" m'ont toujours profondément ennuyées : c'est à partir du moment où une personne se pose en victime potentielle qu'elle devient une proie facile.
Et honnêtement, ce ne sont pas quelques féministes autoproclamées et donneuses de leçons qui me donneront envie de ruer dans les brancards, surtout si elles excluent d'office nos petits camarades de sexe masculin !

À bon entendeur...

2 commentaires:

  1. je me souviens que tu m'en avais parlé à l'époque ;) et bien sûr je vais me répéter et reconfirmer mon accord avec toi :p

    Souvent les "mouvements révoltés" s'unissent pour de bonnes raisons mais finissent dans l'extrême car chacun est remonté, énervé et le groupe va souvent garder par épuration les éléments les plus extrêmes. Bien entendu ça se retrouve partout. Mais souvent les mouvements féministes extrêmes tournent en rond, fortes d'anecdotes révoltantes elles se murent dans une sorte d'accord haineux et violent, paradoxal d'ailleurs quand elles dénoncent la violence à leur encontre, elles en ont autant à l'égard des autres (les hommes en général ou les femmes trop femmes et donc forcément soumises). ça nuit bien entendu au "combat" (mais est ce un combat ? alors qu'une entente est préférable). Bien sûr en te parlant à toi je prêche une convaincue, mais ça fait toujours un autre son de cloche, plus masculin cette fois :)

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  2. On peut être énervé contre les injustices tout en gardant une part de bon sens.

    Ce que je déplore, c'est le fait que ce sont bien souvent les mouvements extrémistes qui sont les plus médiatisés, car plus "croustillants": qu'il est bon de laisser la parole à une Isabelle Alonso ou à des "butch" - cela permet de crever le plafond en termes d'audience, alors que les personnes aux propos plus modérés sont d'un ennui proche d'un rat mort au fond d'une benne à ordure!

    Je suis d'ailleurs très contente du débat sur le féminisme qui s'est tenu à la première édition des "Suffragettes Not Dead": même si ça manquait cruellement de présence masculine, les participantes avaient chacune des raisons personnelles d'être là et d'intervenir, sans que jamais le débat ne devienne houleux.
    Ça m'a énormément rassurée quant à mon implication au quotidien pour l'égalité des chances (bien plus que pour l'égalité des sexes).

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